À première vue, on pourrait croire que Meeka n'en a rien à faire de l'univers entier. Il est vrai que sa démarche traînante, son regard vaguement absent et son manque total de réaction à la grande majorité des tentatives d'attirer son attention pourraient porter à confusion. Pourtant, Meeka ne se fiche pas de tout : c'est simplement qu'elle est dans un état quasi-permanent d'économie d'énergie et a décidé de se concentrer uniquement sur ce qui, à ses yeux, en vaut la peine. Etant narcoleptique, la jeune fille a généralement la vivacité d'un paresseux croisé avec une marmotte et est presque constamment épuisée, ce qui se ressent sur sa relation au monde qui l'entoure. Inutile d'ajouter à la fatigue avec des actions ou réactions qui n'en vaudraient pas la peine. Meeka n'a, en conséquence, jamais eu beaucoup d'amis, en partie parce que peu de gens réussissent à assez soulever son intérêt pour qu'elle décide de faire un effort, mais aussi parce que peu prennent la peine de chercher à la connaître au delà que ce qu'elle veut bien montrer. Une sorte de cercle vicieux, en somme.

Pourtant, lorsqu'on creuse un peu, Meeka se révèle étonamment normale, peut être seulement un peu plus accrochée à ses rêves que l'adolescente moyenne. Oui, Meeka s'intéresse sans doute un peu trop à tout ce qui sort particulièrement de l'ordinaire, mais il n'y a rien d'étrange à aimer se plonger dans les livres pour s'imprégner des mondes fantastiques qu'ils contiennent, à être passionnée par les étoiles au point de passer des heures entières à les observer les nuits d'insomnie, ou à grandement apprécier les gâteaux au chocolat mais pas trop ceux au chocolat blanc quand même. Meeka, comme la plupart des jeunes gens de son âge, n'est au fond qu'une gamine curieuse qui essaie de trouver un peu de fantaisie dans une réalité ennuyeuse ; simplement, contrairement à la plupart des jeunes gens de son âge, la fantaisie s'invite toute seule à longueur de journée pendant chacune de ses siestes improvisées. Rien que pour cela, ce n'est pas si dérangeant, d'avoir un cycle du sommeil complètement mal foutu. Depuis quelques années, elle prend même note de toutes ses aventures au pays de Morphée dans un petit carnet qu'elle garde toujours sur elle, afin d'en garder une trace écrite dans tous ses détails. Histoires, sons et sensations couchées sur le papier, ineffacables contrairement à de simples souvenirs éphémères. Meeka s'accroche à ce qui lui tient à coeur, parfois même avec une persévérence et même une énergie que l'on ne croirait pas possible, venant d'elle. Prête à faire face aux obstacles plutôt qu'à les contourner, si le jeu en vaut vraiment la chandelle, ce qui est assez rare pour être surprenant lorsque c'est le cas.

Finalement, est-ce donc surprenant qu'elle passe le plus clair de son temps libre sur Avalon, avec sa magie et ses mystères dignes des rêves les plus fous ?

Statut ▬ Éveillée.

Altéré ? ▬ Non.

Arrivée sur Avalon ▬ Juin 2009.

Présence sur Avalon ▬ Bien que faire l'aller-retour à chaque fois qu'elle prend l'envie de passer du temps sur Avalon soit une perte d'énergie assez conséquente, Meeka réside principalement sur Terre, où se trouvent ses parents, de la bonne bouffe et un lit chaud et douillet. Cela ne l'empêche absolument pas de ramener ses fesses plusieurs heures par jour voire par nuit, en faisant cependant attention à ne pas alerter ses parents. Devoir tout leur expliquer serait vraiment, vraiment trop fatigant.

Comme tous les Éveillés, Meeka est capable d'utiliser la magie, et ce depuis un peu moins d'un an. Bien qu'elle soit, comme la plupart, capable d'utiliser un certain nombre de motifs basiques, sa spécialité est la création d'illusions plus vraies que nature, impliquant parfois plusieurs sens à la fois, en stimulant magiquement les terminaisons nerveuses de la cible pour obtenir l'effet désiré. Bien qu'elle puisse affecter plusieurs personnes à la fois, y compris elle-même, la durée, la complexité et le réalisme des illusions diminuent avec le nombre de cibles, le coût en mana et le niveau de concentration nécéssaire étant assez importants. Sur une cible unique, elle peut maintenir une illusion moyennement complexe pendant une dizaine de minutes. Meeka s'entrainant assez souvent pour perfectionner ses sorts, on la trouvera parfois à halluciner toute seule dans un coin. Pour la science.

En plus de cela, Meeka possède une capacité innée à piquer un somme n'importe quand et n'importe où, comme par exemple contre un arbre ou sur quelqu'un (consentement optionnel). C'est parfaitement inutile, mais c'est aussi très mignon, il parait.

L'enfance de Meeka n'avais jamais été très passionnante.

Née en Irlande un premier septembre, la jeune fille passa ses premières années bien au chaud dans son petit village au beau milieu de la campagne profonde, où il n'y avait pas grand chose à faire ni à voir excepté peut-être de l'herbe, des arbres et quelques chèvres. Mais Meeka n'étant pas particulièrement intéressée par les chèvres, elle occupait donc la majorité de son temps hors de l'école à lire. Très jeune déjà, elle s'évadait donc déjà dans les histoires inscrites sur les pages, bien plus amusantes que son quotidien vaguement ennuyeux ; il y avait bien les autres enfants du voisinage, évidemment, mais ils n'étaient à ses yeux pas beaucoup plus amusants que les chèvres. Parfois également, son père essayait de lui apprendre à cuisiner, espérant peut-être lui donner l'envie de suivre ses traces et se diriger vers la restauration quand elle serait plus grande, mais à son grand désespoir, la petite n'était pas très douée. Au moins, il avait essayé.

Ce que Meeka appréciait le plus, cependant, c'était les vacances d'été, et avec ça, les visites annuelles à la famille en Chine. Son arrière grand-père paternel était sans doute son préféré, pour être totalement honnête. Car Pépé lui racontait des histoires.

Meeka aimait bien les histoires de Pépé, même si chaque fois qu'il en commençait une, papa secouait la tête d'un air désapprobateur avec la même grimace que la fois où elle lui avait marché sur le pied un peu trop fort. Mais pour elle, c'était les petits moments de fantaisie dans sa vie trop banale. Les histoires de Pépé étaient tout simplement passionnantes, encore plus que n'importe quel livre, pleines de magie et d'êtres extraordinaires, et remplies de détails qui lui donnaient presque l'impression qu'elles étaient réelles. Même si parfois, les détails en question étaient vraiment étranges, comme cette fois où il avait passé dix minutes à lui expliquer que dans un autre monde, les pommes contenaient parfois des démons, et que c'était pour ça que depuis, les seuls fruits qu'il acceptait de consommer étaient les cerises. Ce jour là, papa avait dit que Pépé devenait un peu sénile, et même si Meeka n'était pas entièrement certaine qu'il ait tort, elle mangea tout de même beaucoup moins de pommes depuis. Au cas où. C'est aussi après une de ces visites qu'elle décida qu'elle serait écrivain, plus tard, ses récits lui ayant inspiré de vouloir écrire les siens à elle. Vers dix ans environ, Meeka commença donc à écrire ses rêves dans un petit cahier, se disant qu'ils valaient peut être la peine d'être racontés.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Pépé mourut lorsque Meeka avait treize ans, peu après son dernier retour en Irlande. Il ne lui avait laissé qu'une dernière histoire, lui avait raconté comment lors de ses voyages, il avait rencontré un dragon, un dieu peut-être, avec qui il s'était lié d'amitié et qui lui avait enseigné une bonne partie de ce qu'il savait de la magie. Il lui avait chuchoté qu'elle le rencontrerait sans doute, un jour, il en était certain. Qu'elle ferait de grandes choses, qu'il serait fier d'elle.

Que tout ce qu'il lui avait raconté pendant des années était réel, quoi qu'en dise son père, et qu'elle devait y croire.

Fort heureusement, Meeka voulait y croire.

Elle ne se rendit pas tout de suite compte de ce que lui arrivait le jour où elle fit ses premiers pas sur Avalon, croyant d'abord à un rêve. Il n'était pas inhabituel pour elle de sombrer soudainement dans le sommeil, après tout. Ce qui était inhabituel, en revanche, c'était que tout semblait trop réel. Et trop familier. Comme si elle connaissait déjà les lieux, d'une certaine manière, ou comme si on lui en avait déjà parlé.

Pépé avait raison.