Il n’y avait que la nuit noire autour de toi. Pas la moindre lumière ou quelconque étincelle de vie dans les environs que t’offrent la fenêtre de ta chambre. Le calme était loin d’être présent pourtant. Entre le bruit incessant des aiguilles de l’horloge dans le couloir, le craquement du bois et le murmure de la vie nocturne, tu n’arrivais même pas à te concentrer sur ton propre silence.
Te voilà à observer le plafond de ta chambre que tu ne distingues même pas dans l’obscurité. Les yeux ouverts tu penses, tu cogites à bien trop d’idées à la fois. Chassant un sommeil qui ne t’emportera pas. Avalon, Maxine, la magie, Emily, Maxine, Babylon, Sully, le mana, Maxine, Maxine, Maxine Maxine. Tout se cogne dans ta tête comme pour s’échapper d’une prison mentale.
Tu détestes les insomnies Aksel. Elles te font trop penser toi qui préfère agir avant toute chose.
Alors tu te lèves, d’un bond. Excédé comme exténué, tu te diriges vers ton armoire pour te changer, enfiler quelques vêtements plus chaud et plus convenable qu’un vieux pyjama orange et gris.
Alors tu sautes, d’un bond.
Et te voilà à Babylon.
Il n’y a rien de plus simple. Comme si tu avais toujours été capable de ce récent miracle. Une pensée et te voilà propulsé dans un autre monde. Dans son monde. Sa planète comme elle disait. Tu souris à ce souvenir amer.
Babylon est tout aussi obscure que ton monde. Mais tu as cette impression, que les étoiles brillent plus fort ici. L’air y est un peu plus frais aussi. Probablement parce que la douce tiédeur de ta couette t’entoure encore.
Tu regardes autour de toi, tu te trouves devant la boutique d’Emily. Quoi de plus normal, tu es allée la voir peu plus tôt et c’était là le dernier endroit où tu t’es rendu un peu plus tôt aujourd’hui. Ou hier. Tu ne sais pas exactement combien de temps s’est écoulé et qu’importe. La nuit est là et elle te suffit.
Tu jettes un coup d’œil à la boutique d’où aucune lumière ne sort. Tu t’inquiètes pour Emily et espère qu’elle ne fait pas de cauchemars. Un instant tu hésites à pousser sa porte, mais tu t’y résignes, la main sur la poignée. Tu as peur de la réveiller, de la surprendre. Alors tu soupires et contente d’espérer pour son sommeil.
Les ruelles du quartier où tu te trouves sont d’un calme reposant, tu te laisses guider par la lumière des lampadaires t’imprégnant simplement de l’air pur qui t’entoures. Tu ne prêtes pas attention à ton chemin, te contentant d’avancer sur les pavés de la jolie cité. Tu marches ainsi quelques minutes, traversant, carrefours et placettes, croisant de temps à autres d’autres vagabonds profitant comme lui de la nuit.
Et tu finis dans cette ruelle un peu plus obscure que les autres. Peut-être est-ce cette douce odeur que tu sens dans l’air qui t’y a amené. Tu ne sais pas trop, mais tu continues sans t’en rendre vraiment compte de la suivre jusqu’à arriver devant cette petite maison où de la lumière passe sous les volets fermés. Une chose est sûre, c’est de cette maison que provient cette délicieuse odeur que ton âme de cuisinier ne peut ignorer.
Cette fois, tu ne crains pas de réveiller le propriétaire. Tu pousses la porte, déjà entrebâillée pour pénétrer dans la chaumière. Un petit salon soigneusement décoré où la poussière commence à se poser çà et là. Mais l’odeur ne provient pas de là. Tu avances à pas feutrés vers la pièce que tu supposes être la cuisine. Tu pousses délicatement la porte sans bruit, curieux, pour voir qui est ce cusinier de minuit. Et d’un coup ta discrétion s’envole dans une exclamation surprise :
« Luca ! Mais qu’est-ce que tu fais ici ? »
Car devant toi et les fourneaux se trouve le jeune garçon aux cheveux roux et au cœur si serré. Luca. Ton protégé.
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Luca E. Aldena
Jeu 14 Jan - 16:46
IT'S A SHOT IN THE DARK
Plus tu y penses et plus tu te demandes si venir ici était une bonne idée. Tu poses le fouet sur la table et tu laisses échapper un léger soupir, embué d'un étrange mélange de frustration et de déception. Alors que tu lèves les yeux vers la fenêtre de la bâtisse où tu t'es réfugié, une sorte de regret diffus commence à grignoter ton coeur. Ici, dans cette Babylon nocturne, il n'y a probablement que toi qui est réveillé aussi tardivement. Ou du moins, qui a choisi de se lancer dans une telle activité aussi tard.
Ton regard se pose sur les différents récipients installés devant toi: lait, sucre, oeufs...tu repasses, tu ressasses la liste des ingrédients dans ta tête, difficilement - car tu parviens à peine à faire le tri dans tes idées. Il y a tellement, tellement de choses auxquelles tu penses, tellement de choses que tu voudrais oublier. Ou au moins, libérer - pour que ça ne te fasses plus aussi mal. Tu te stoppes, ne serait-ce qu'un instant? Pourquoi cela ferait-il mal? Tu réalises, presque douloureusement, que tu as oublié pourquoi. Pourquoi tu es là, pourquoi tu fais ça. Dans ton esprit règne un tel chaos que tu ne sais plus rien. Alors les rouages se mettent à tourner, lentement, à la recherche de la raison pour laquelle tu te trouves ici, en ce moment même.
Et soudainement, tu t'en rappelles. De tes yeux qui s'ouvrent brusquement dans la pénombre. De ta respiration saccadée, de ce son dissonant dans le silence de la chambre. De ces larmes qui coulent sans interruption sur tes joues. De ces sanglots que tu peines à garder au fond de ta gorge, car tu ne le te pardonnerais pas de l'inquiéter. De ces images, rouge écarlates, que tu n'aurais jamais voulu voir revenir. Tu te mords la lèvre. Tu es parti, comme un lâche, au beau milieu de la nuit. Tu avais le coeur gros, prêt à éclater. Tu n'aurais pas supporté de craquer ainsi, pas comme ça, pas en lui causant du tort une énième fois.
Alors tu as enfilé des vêtements chauds, et tu es parti - tu as Sauté. Il t'a suffi de rouvrir les yeux pour que tu sois dans un autre monde. Et presque naturellement, tu t'es dirigé vers une des habitations abandonnées du quartier ouest de Babylon. Une de tes préférées ; tu dois remercier les précédents occupants d'avoir laissé autant de matériel de cuisine ici. Au début, tu te sentais un peu coupable de t'introduire ainsi dans une maison. Bien que ce sentiment continue à être présent en toi aujourd'hui, tu le sens s'effacer peu à peu. Ou du moins, tu n'y penses pas. Pas maintenant. Parce qu'il y a d'autres choses qui requièrent ton attention.
Tu retiens un soupir, et tu te remets à la tâche. Des idées sinueuses, serpentines, se faufilent dans ton esprit - et si Sully se réveillait? Qu'est-ce qu'il dirait en ne te trouvant pas à l'autre bout de la chambre? Tu es parti sans vouloir l'inquiéter, mais au fond, ce que tu as fait est peut-être pire. Ca suffit. Tu secoues la tête, comme pour chasser ces idées, et tu jettes un coup d'oeil à ta génoise qui est actuellement en train de cuire dans le four. Tout a l'air de se passer correctement - et cela, rien que cela, aide à calmer ces pensées palpitantes. Tu saisis le fouet d'une main tremblante, et te prépares à mélanger le contenu du bol qui trône en face de toi quand une voix retentit dans la pièce.
« Luca ! Mais qu’est-ce que tu fais ici ? »
Tu sursautes, et, sous l'effet de la surprise, tu lâches le fouet, qui tombe avec un bruit sonore par terre. Tu n'avais pas remarqué que quelqu'un était entré. Tu serais presque sur le point de paniquer, si la voix n'était pas si familière. Alors tu te retournes, pour tomber nez à nez avec les grands yeux d'un ami.
« A-Aksel...? Tu...comment m'as-tu trouvé...? »
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Aksel Sørensen
Ven 22 Jan - 23:13
recette de minuit
Tu avais surpris le rouquin. A vrai dire tu te doutais que ton apparition soudaine le ferait sursauter. Mais il alla jusqu’à faire tomber son fouet qui retentit dans le silence de la nuit. Mais heureusement, il te reconnaît bien vite, toi et ton grand sourire qui vole le coeur comme les peurs des autres.
« A-Aksel...? Tu...comment m'as-tu trouvé...? »
Comment l'avais-tu trouvé ? La question t’amusa car il n’y avait pas la moindre chance qu’il le trouve. Sa balade nocturne dans les ruelles endormies d’Avalon n’était du qu’au hasard d’un destin un peu trop joueur.
Toujours en souriant, tu te baissas pour ramasser l’instrument de cuisine et te dirigea vers un évier pour le nettoyer. Réflexe de cuisinier un peu trop consciencieux.
«Comment je t’ai trouvé ? Et bien je ne sais pas trop moi-même… Je n’arrivais pas à m’endormir alors je suis venu à Babylon et j’ai erré jusqu’à sentir une douce odeur que j’ai fini par suivre… Et me voilà ici !»
Tu essuyas le fouet avec un torchon qui traînait là et le remis délicatement entre les mains de Luca. Tu observas alors la cuisine. Différents bols traînent de toute part, certains ont contenu du sucre, d’autre de la farine. Un coup d’oeil te suffit à reconnaître le contenu disparu de chaque récipient. Tu te penches alors pour voir le four qui chauffe et réchauffe l’air. Une sorte de gâteau semble y cuire. Il prend forme et se teint d’une jolie couleur dorée.
Et puis tu finis par te rendre compte que tu as délaissé ton ami pour ta petite inspection. La cuisine a parfois tendance à tout te faire oublier. Cet instant en était le cas concret. Tu te retournes alors vers lui et t’excuses
«Oh je suis désolé, j’étais trop curieux de voir ce que tu avais préparé ! D’ailleurs qu’est ce que tu prépares là ? Je crois que je ne connais pas cette recette…»
En effet, tu avais beau regardé, le plat ou probablement le dessert que Luca préparait ne te disais rien… C’était peut être une spécialité de son pays...
« Je n’ai jamais vu ça au Danemark ! C’est un plat de ta région ? Tu émis un doute quelques instants et tu demandas. Tu es Italien d’ailleurs, c’est bien ça ?»
C’était fou comme le monde paraissait à portée de ta main quand tu étais sur Avalon. Il y a quelques minutes tu étais encore dans ton lit à Copenhague et te voilà en train de discuter en tête à tête avec un jeune homme de l’autre bout de l’Europe ! Cette idée t’amusa. Et puis tu te demandas où pouvait-il être lui il y a encore quelques minutes, et ce qui l’avait poussé à venir ici par la même pleine nuit qui t’avait poussé à faire de même. Mais tu lui poseras la question plus tard, il n'était pas l'heure aux inquiétudes mais à la cuisine !
Et c'est bien pour cela que tu ajoutas en enfilant un tablier qui traînait là :
« Et que dirais-tu d'un coup de main jeune cuisinier ?»
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Luca E. Aldena
Sam 6 Fév - 19:08
IT'S A SHOT IN THE DARK
Tu le regardes poser le fouet entre tes mains frêles, fixant l'objet avec peut-être un peu trop d'insistance, avant de poser ton regard sur son visage. Cela fait maintenant quelques semaines que tu t'es habitué à le voir, lui et son sourire qui brille plus fort que le soleil - à un tel point qu'il rivaliserait presque avec celui de Sully, aussi bien au niveau de l'éclat que de la sensation qu'il te procure. Un simple étirement de ses lèvres qui réchauffe ton coeur. Tu as toujours un peu peur, bien sûr, peur de faire un pas de trop, peur de tomber. Peur de faire une erreur. Peur de le voir partir. Comme à chaque fois. Ca te tourmente. Tu repenses à ton cauchemar de plus tôt. Et si ici aussi, ça finissait de cette manière ? L'appréhension te prend à la gorge et tu déglutis ; non. Tu ne veux pas. Tu ne veux pas refaire une erreur comme celle là à nouveau.
Mais il y a une petite voix dans ta tête - une voix que tu connais bien - qui résonne et qui te dit, "vis dans l'instant présent, Lulu." Aria. Avec tout ce qui s'est passé depuis que tu es arrivé sur Avalon, elle te manque un peu. Tu as bien tenté de reprendre contact avec elle, en déposant des lettres devant sa fenêtre en pleine nuit, après avoir refait un Saut en Italie. Récemment, tu n'avais pas retenté l'expérience, un peu trop anxieux à l'idée de faire à nouveau face au chien de la maisonnée Agnelli. Tu te rappelles encore de la série d'aboiements qui a suivi le dépôt de la lettre...et tu frissonnes. Tu n'oses même pas imaginer ce qui aurait pu arriver si on t'avait attrapé cette nuit là. Tu t'apprêtes à te demander ce qu'Aria a pensé de ces lettres, avant d'être ramené à la réalité par la voix d'Aksel qui te questionne.
« Oh, c'est...um... »
Tu jettes un rapide coup d’œil au four duquel le garçon vient de s'éloigner. Pendant un instant, tu avais presque oublié ta génoise. Visiblement, tout a l'air de se passer comme prévu, car elle se colore lentement d'une belle couleur dorée. Encore à moitié préoccupé par le gâteau, tu réponds au danois de manière un peu absente, en espérant qu'il ne t'en veuille pas trop - parce que tu as toujours si peur que les gens t'en veuillent à la moindre chose que tu considérerais être une gaffe. Tu te mords la lèvre.
« Zuppa inglese, » tu murmures, toujours quelque peu gêné, avec ton accent italien qui, soudainement, refait surface. « On m'a dit que c'était anglais, à l'origine. Et o-oui, je...je viens de là bas. »
Et quand tu relèves la tête, tu découvres Aksel, arborant fièrement un tablier un peu tâché. Sa proposition vient enfin à tes oreilles, à laquelle tu ne peux t'empêcher de rougir un peu. "Jeune cuisinier". Étrangement, ça te fait un peu plaisir, de le voir t'appeler comme ça.
« Tu veux vraiment m'aider...? »
Tu t'interromps et tu fixes la quantité astronomique de matériel éparpillée dans la cuisine. Tu as pourtant l'habitude de cuisiner, mais cette fois-ci, entre tes pensées parasites et le sommeil qui te rattrape, tu t'y es particulièrement mal pris. Un peu d'aide ne serait pas de refus.
« J-je...je veux bien, alors. M-merci... »
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Aksel Sørensen
Ven 12 Fév - 0:44
Commis de cuisine
Tu ne peux t’empêcher de t’attendrir devant le petit Luca. Entre ses joues qui se teintent de rose au moindre mot et sa tête de moins que toi, tu as envie de le protéger de ce qui pourrait en un mot le briser en milliers d’éclats.
Sa voix tremble, hésite avant de laisser échapper le moindre son de ses lèvres. Tu te demandes s’il est vraiment à l’aise avec toi mais tu finis par mettre cette idée de côté, c’est un garçon bien plus timide que tu ne l’as jamais été voilà tout. Tu as un peu de mal à comprendre toute cette gêne qui le paralyse et l’enserre. Car même si toi aussi à une époque tu ne disais mot, tes raisons étaient bien différentes. Mais tu préfères encore voir le jeune italien pris au piège d’une timidité excessive que tomber dans des abîmes que tu as trop longtemps côtoyé. Alors tu ne prêtes pas trop attention à ses hésitations et tu réponds d’un ton naturel :
« Évidemment que je vais t’aider ! Je cuisine un peu moi aussi en fait...»
Un peu. Le terme est bien faible pour désigner une passion qui te dévore délicieusement. Tu aimes cuisiner, préparer des bons plats pour régaler ta famille, offrir des gâteaux fait maison à celles que tu as un jour aimé ou tout simplement essayer de nouvelles recettes sur tes amis. Mais personne n’a pas besoin de le savoir. Tu n’aimes pas trop t’étaler sur ta vie comme sur tes passions. Alors au lieu de parler inutilement, tu observes le champ de bataille et en déduit les étapes à venir. Luca s’apprêtait probablement à mélanger le contenu du bol devant lui lorsque tu l’as interrompu par ton entrée. D’un autre côté, tu remarques à côté du feu du lait chaud qui attend d’être probablement incorporée dans le bol avec un peu de farine que tu vois traîner un peu plus loin.
Tu aurais pu te saisir du bol et suivre à l’instinct cette recette dont tu ne connais rien. Mais ce n’est pas ni ta recette ni ton plat ni ta cuisine, c’est à Luca de s’en occuper et tu n’es ici que son commis. Tu attends donc ses directives :
« J’imagine qu’il faut mélanger le bol que tu as devant toi et y ajouter un peu de ce lait et de farine c’est ça ? Si tu as besoin de moi pour quoique ce soit, n’hésite pas, je suis à ton service. »
Tu te baisses en une élégante révérence pleine d’humilité, tel un petit servant car c’est le rôle que tu as décidé d’endosser pour cette nuit.
Vous reprenez ainsi tous les deux la suite des étapes. Tu es plutôt à l’aise dans toutes les tâches que te confies Luca et tu finis même par le conseiller lorsqu'il incorpore et mélange un peu trop vite la crème au reste de lait. Une légère grimace, celle de l’enfant qui vient de renverser un vase sur sa course trop enthousiaste, passe sur ton visage. Ce conseil ne peut venir que de quelqu'un qui cuisine plus que régulièrement. Tu viens de te trahir et tu le sais. Alors, tu cherches aussitôt un échappatoire :
« En tout cas ça a l’air d’être un dessert drôlement bon ! On t’en prépare souvent en Italie ? »
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Luca E. Aldena
Mer 17 Fév - 22:04
IT'S A SHOT IN THE DARK
« Merci beaucoup... »
Alors que vous vous remettez tous deux à la tâche, tes pensées soudainement divaguent, divergent - pour ne pas changer.
Depuis que tu es sur Avalon, tu te sentirais presque bien. Bien sûr, il y a toujours ces angoisses, ces terribles monstres qui hantent tes nuits et qui t'empêchent de fonctionner correctement - un bug dans la machine, une erreur dans ton système. Mais tu ne suffoques plus à chaque instant, tu n'as plus cette terreur omniprésente de faire un pas en avant. Parce que tu n'es plus cloîtré dans cette chambre poussièreuse aux murs que tu détestes tant. Parce que tu n'as plus à vivre dans la crainte que ton père lève la main sur toi. Parce que tu n'es plus seul. Depuis que tu es ici, il y a des gens pour te tenir la main. Des amis. Il y a Sully, Meeka, Ron, et, bien entendu, celui qui se tient à tes côtés en ce moment même, faisant une révérence presque parfaite - tu es un peu gêné, car tu te dis que tu ne mérites pas autant d'attention
Le mot résonne à nouveau dans ta tête. Amis.Tu as un peu peur d'utiliser ce terme, parce qu'au fond, tu ne le connais pas bien. La seule personne que tu as jamais connu qui pouvait mériter d'être appelée ainsi, c'était Aria. Perdu dans tes réflexions, tu te demandes ce qu'elle penserait de ta situation actuelle. Souvent, tu avais été sur le point de tout lui avouer, de retourner la voir en Italie pour tout lui dire, voire même de lui demander de te rejoindre sur Avalon. Tu es sûr qu'elle aurait adoré découvrir un tel monde. Mais en vérité, tu avais juste trop peur. Trop peur qu'elle réagisse mal, trop peur qu'elle te demande de revenir à Parme. Tu serres les dents. Tu as juste trop peur pour faire quoi que ce soit. Alors, c'est probablement mieux que les choses restent comme elles sont.
C'est peut-être idiot comme idée, mais tu ne parviens pas à te la retirer de la tête.
L'intervention d'Aksel te tire de tes réflexions, pour un bref instant.
« En tout cas ça a l’air d’être un dessert drôlement bon ! On t’en prépare souvent en Italie ? »
Tu restes silencieux. De simples mots, prononcés innocemment. Sans aucune animosité - et pourtant Aksel est bien, bien loin d'être au courant qu'en quelques palabres, il a ranimé quelques unes de ces réminiscences qui te sont si douloureuses. Parce que tu te rappelles très bien de ta mère qui s'affairait aux fourneaux pour préparer le même dessert. C'est comme si tu voyais sa silhouette élancée voguer d'endroit en endroit, un léger sourire aux lèvres - ces sourires qui rassurants dont elle avait le secret. Déjà c'est une vague de souvenirs qui t'emporte alors que tu t'immobilises, alors que les images se font de plus en plus vives devant tes yeux. Le regard plongé dans le vague, tu parviens à peine à maintenir ta prise sur le fouet que tu tiens dans ta main droite. Mais tu ne dois pas te laisser aller - que dirait Aksel s'il savait ? Tu ne veux pas qu'il se sente mal, tu ne veux pas qu'il culpabilise parce que tu es trop faible pour oublier tout ça. Tu te mords la lèvre. Tu finis par te ressaisir un minimum et tu poses le fouet sur le plan de travail, avant de t'y agripper et de te tourner vers le danois.
« Oui...ma...mère m'en faisait souvent. »
Ta vision se brouille, imperceptiblement. Et tu t'en veux plus que tout. Parce qu'encore une fois, tu as échoué. Alors tu te remets au travail, en espérant qu'il ne remarque pas que tu as commencé à flancher.
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Aksel Sørensen
Sam 12 Mar - 19:18
Brisés
Tu n’aurais jamais cru que tes mots innocents pourraient causer peine si grande. Ces simples paroles lancés au fil de la conversation n’ont pas seulement briser le silence de la nuit noire. Luca s’est comme figé dans un temps lointain où ses yeux fixent une vie révolue. Le regard perdu dans les méandres de souvenirs fragiles, il ne bouge plus. Tu ne sais pas Aksel, tu n’as aucune idée de ce que tu as fait mais tu veux le réparer.
Tu tends ta main vers le jeune homme mais il se reprend alors, un petit peu. La lèvre mordue, il pose son fouet sur le plan de travail et se retourne vers toi. Il te répond d’un ton qu’il peine à rendre calme :
« Oui...ma...mère m'en faisait souvent. »
Il reprend alors son fouet et se remet au travail. Mais Aksel, tu as bien remarqué qu’aux coins de ses grands yeux les larmes ont commencé à perler. Que les mots qu’il a prononcé n’ont pas été dit à la légère. Toi, Aksel, devant le trouble que tu as causé en voulant simplement cacher un petit secret de pacotille tu ne peux pas te remettre aux fourneaux en sifflotant, comme si de rien n’était. Tu ne peux laisser un ami trembler à tes côtés, essayant de renfermer à double tour tant bien que mal douleur et regrets au fond du coffre qu’est son coeur. Tu ne peux pas continuer lorsque tu vois une goutte tracée sa route le long de sa joue rougie alors qu’il ne fait semblant de rien.
Ce ne serait pas toi Aksel. Car tu connais trop bien tous ses sentiments.
Tu déposes alors bol et ustensile sur le plan de travail et pose ta main sur le poignet de Luca. Sans même forcer, ton geste a en lui assez de fermeté pour le contraindre à arrêter. Arrêter de cuisiner.
Arrêter de prétendre.
Seulement maintenant qu’il te regarde surpris, ses yeux plongés dans ton regard un peu plus grave que ce que tu n’aurais souhaité, que peux-tu bien faire ? Tu as envie de le rassurer, de lui dire que tout va bien mais tu ne connais pas assez la situation pour prendre le moindre risque. S’il y a bien une chose que tu crains c’est de briser un peu plus l’italien. C’est une des rares occasions où les mots t’ont manqué. Tu as dû les chercher loin, profondément enfoui dans ta mémoire, ses mots que toi même tu aurais aimé entendre. Ce que tu aurais aimé ce n’était pas ses excuses interminables, ses regards emplis de pitié qui du haut de tes maigres années te jugeaient déjà bien trop, encore moins les questions auxquels personnes ne pouvaient offrir de réponses… Non ce que tu aurais aimé...
« Les gâteaux de ta mère devaient être délicieux. »
C’était des phrases simples, pleines de tendresse. Celles qui te rappellent non pas que plus jamais tu ne la reverras mais qui la font revivre auprès de toi.